Arriver au Grand-Hornu, marcher vers le Rizom, le restaurant blotti au cœur du Musée des Arts Contemporains. Faire ces quelques pas en milieu clos, une marche durant laquelle il est impossible de ne pas être happé et par la mémoire industrielle du lieu et par son empreinte artistique et moderniste. Les quelques mètres qui séparent les murs du corps de l'entrée de la porte du restaurant, au cœur du bâtiment circulaire, sont un comme doux tapis, ils offrent comme une respiration inspirante et transporteuse. Nous voilà ailleurs. 

Le restaurant Rizom ne fait rien de mieux qu'affirmer ces contrastes du temps et des hommes, avec la jolie cuisine contemporaine d'Olivier De Vriendt, ancien disciple de San Degeimbre. Olivier De Vriendt appuie sa cuisine les terroirs, ouverte sur le monde, bien ancrée dans ses racines mais surtout révélée et exécutée avec les produits des marchés locaux et en respect du temps et des saisons. 

La salle du restaurant elle, est en phase directe avec l'esprit même de son théâtre extérieur : briques et béton, bois et métal, de l'épais, du solide, du robuste, dans un bel équilibre. Le service est dévoué, attentif, généreux et souriant ; raccord avec la trame bienveillante de ces gens qui aiment donner et partager. C'est tellement précieux. 

Dans l'assiette, la terre reste maîtresse. Comme si le chef allait de ses mains remuer les sols pour en extraire le grand essentiel, qu'il se vive en solide ou en liquide. Le Chef, c'est Olivier De Vriendt, ce colosse aux mains agiles, un homme fidèle à ce qu’il est, sincère dans ses choix, précis dans ses gestes et l’on retrouve dans ses assiettes cette philosophie extatique, ces sonorités pastorales à la fois douces et intenses. En témoins, ces cuissons impeccables, ses assaisonnements justes et ses sauces parfois tendues, souvent profondes. Révélant aussi des herbes qui ne surjouent pas , elles ne décorent pas pompeusement - comme trop souvent, elles existent dans l'assiette, se goûtent en harmonie de l'ensemble et gardent leur vrai et bon sens. 

Les harmonies liquides - qu’elles soient vécues en vin, en bière ou en macérations libres d’alcool, se révèlent fines, subtiles et trempées dans le bon sens. Clin d’œil complice et farouche sur la toute nouvelle carte des vins, de base qu’elle est aujourd’hui, on la sent déjà s’affiner et grandir.

Et repartir en se disant qu'en étant ici, on était ailleurs et qu'on y était bien.

LD