Le ciel, la terre et l’eau, le contraste formidable de Marius Bosmans

En posant les quelques pas qui mènent au coeur du domaine, une impression d'arriver dans un autre univers. Embrassé par une lumière unique, le bâtiment accueille son hôte de son cadre majestueux, comme échappé de l’horizon urbain et de son tumulte, un lieu où règne un mélange d'élégance, d'art et de modernité cossue. En levant les yeux, on pourrait s’attarder sur les jolies chambres du Château de Vignée. On pourrait les baisser aussi, en se disant que trois mètres sous cette belle terre repose l’une des plus exceptionnelles caves à vins du pays.

Et puis, il y a Arden, l'arène de Marius Bosmans. La salle du restaurant s’ouvre vers une autre lueur ; entre le ciel, la forêt et une Lesse qui semble épouser la bâtisse, on peut y voir comme une caresse, ça sonnerait d’évidence.

La cuisine de Marius Bosmans, c’est une autre lumière, une épure absolue. Elle porte le caractère de son Auteur : libérée, inscrite dans la nature, en prise avec un terroir. Elle se révèle précise, d’une finesse absolue, d’une créativité raisonnée ; le jeune chef s’exprime dans des assiettes qui font preuve de sens, de liberté et d’une réelle virtuosité.

Passé par Boury*** et Hertog Jan**, ancien second de Thierry Theys au Nuance**, on vit dans les assiettes de Marius Bosmans un contraste formidable. Un beau mélange entre certitude et humilité, entre précision et spontanéité, entre raison et liberté, avec âme et identité. Le jeune Chef signe mieux que des assiettes, on est ici dans d'absolues créations et de fines compositions, et dans les saveurs et dans les textures. Rien n'est probablement plus beau pour cet homme que cette spontanéité et cette liberté trouvée et traduite à merveille dans des associations parfois complexes où l'on retrouve une maîtrise qui relève de l'art. Marius Bosmans offre une cuisine d'émotion, sans spectacle inutile, comme une invitation à un doux équilibre et affirmant une harmonie tout au long du repas. Mention au magnifique chariot de desserts qui jouerait volontiers les canailles gourmandes mais qui vient finement ponctuer d’une calme gourmandise le moment passé.

La salle, espace de ces hommes aux mains d'orfèvres, vit entre contrôle et subtilité, entre justesse et rigueur, menée par l'expertise de Victor Derks et d'une équipe de haut niveau.

Si certains voient la lumière et essaient en vain de la capturer, Marius Bosmans incarne déjà une forme d’horizon, un lendemain écrit. Une telle cuisine, si elle demande de l’humilité, elle invite à laisser ses certitudes en dehors, à réfléchir au bien que l’on peut accueillir du talent des autres. Et à garder l’esprit bien ouvert et de s'en ressentir heureux.

LD