Quattro mani d’Italia
Arriver à Yvoir, c’est déjà entrer dans une histoire. Et le Mona Lisa, d’en écrire une nouvelle et belle page. Une fois à l’intérieur, le cadre est à l’avenant de l’âme profonde du village : propre et clair, comme une magistrale photographie grand format. Il est toujours rassurant de se savoir dans un antre du bon goût, quelle que soit la forme qu'il puisse prendre. Au Mona Lisa, il y a d’abord la présence de ce magnifique four à pizzas, puis ce beau mobilier contemporain délicat, ces murs bardés de la chaleur du bois, ces lumières qui tombent des parois - comme pour désigner le convive, ou l’éclairer en lui donnant de bonnes idées. L’ensemble de cette atmosphère participe à planter une atmosphère intime et apaisante.

Il reste que c'est pour une vraie bonne raison qu'il faut venir au Mona Lisa et en pousser la porte : pour très bien manger. Signée par deux jeunes chefs, l’assiette se veut à la fois tendre et généreuse, à la fois pointue et riche. Fidèle à son esprit transalpin, elle régale familial, elle enchante raffiné aussi, érigeant le soin et le goût en règles absolues.

Emanuele Indorato et Filippo Scalisi, deux enfants d’Adrano, un pays au coeur de la Sicile. Emanuele et Filippo ; deux chefs, deux missions, l’un au fourneau, l’autre au four et au feu. Si Emanuele est le créateur de ces belles assiettes, soignées et précises, maître-d’œuvre autour du beau produit ; Filippo est l’homme du feu, boulanger de formation, c’est lui qui délivre ces sublimes pizzas en nous faisant sortir des sentiers battus (et maltraités) des pizzas ordinaires et ternes. Des pizzas à la croûte aérienne, serties de beaux produits, différents du commun rebattu, choisis pour en faire des pizzas d’Auteur, des mets signature. Une vaillance qu’on a adoré. Mentions pour la Scarulé (Fior di latte Caseificio Oliva, scarole frisée, datterino del Piennolo, filet d’anchois de Cetara, olives noires Nocellara dell’ Etna, câpres de Pantelleria) et la Verdone (Crème de petit pois verdone, stracciata de Fior di latte Caseificio Oliva, gambaro de Mazara, quinoa soufflé).

Si la pizza réjouit ses tifosis, les assiettes d’Emanuele volent très haut elles aussi . Le jeune chef assure avec précision et passion pour proposer des envolées goûteuses, comme avec cet Esprit d’un marcassin Tonnato, en tartare, émulsion de thon, huile de persil, ce Rouget Barbet, farci à la méditerranéenne, velouté de choux cavalo nero, légumes aigre-doux, ces Tortellini Emiliani, Wagyu, bouillon de cèpes comme un shabu shabu et ce Filet de chevreuil belge, salsifis, purée de pommes de terre, sauce au Chianti et vinaigre de Champagne. Et pour clore le dessert Signature, biscuit savoiardo, chocolat, glace café brulé, ou la Fior di fragola, fraises de Wépion, espuma banane, glace aux fraises maison.

Dans ce quatre mains permanent, on se retrouve comme pris en otage pour un voyage en Italie, embarqués pour une belle virée dans la botte, entre goûts marqués, entre puissance et finesse, entre gourmandise et délicatesse.

En salle, Rosa et Marinela, en discrétion, viennent colorer de leur douceur l’éloquence gourmande de leurs hommes de cuisiniers et chantent, à l'italienne, les plats et les vins.

Si l’Italie est une terre de magnifiques contrastes, le Mona Lisa est l'un de ses fidèles et magnifiques ambassadeurs.

LD