Un vent nouveau souffle sur le Divino Gusto.

Le lieu reste certes discret et ne joue pas les dorures inutiles, il a choisi de ne pas en mettre plein la vue. Quelques touches seventies pour ne pas tourner le dos à l'époque, ainsi qu'une unité chromatique forte, doublée d'une grammaire formelle faisant aveu d'épure. Là, s'arrête le festin visuel car le propos est bien ailleurs. 

La porte d'entrée s'ouvre sur la cuisine et ce n'est pas un hasard, c'est là que bat le pouls de Divino Gusto. Là où, en toute transparence, Marc Grislain exerce son talent. Ce chef, à la fois horloger minutieux sur les cuissons et maître de musique fiévreux quant aux produits, pratique une cuisine goûteuse toute en finesse. Une cuisine qui sonne juste au travers d'assiettes revigorantes, qui parlent le langage d'aujourd'hui.

Vent nouveau disais-je et plus que de vent, on pourrait sans tortiller parler de tempête, tant l’arrivée de Marc Grislain au piano de la  belle maison nivelloise a impulsé un nouvel élan. Passé par les grandes maisons bruxelloises, le Bozar Restaurant et la Villa Lorraine entre autres, le jeune chef brabançon emmène désormais de son énergie et dans son beau tourment toute l’équipe du Divino. Secondé par l’excellent Sébastien Van der Beeten, bien connu il y a peu dans son restaurant Anarchy à Zaventem et ensuite chez Isabelle Arpin, Marc Grislain propose une cuisine de conviction et ses arguments majeurs ne sont que bons produits, cuissons impeccables et assaisonnement justes.

Preuve nous est apportée avec le Saumon confit façon ‘Hendrick’s’, garniture maraîchère acidulée, fromage de Beersel perlé à l’aneth, avec les Champignons des bois en chaud et froid, pain perdu, émulsion d’herbes fraîches, garniture en trompe-l’œil forestier, le Foie gras poêlé, blancs de seiche, chips et gastrique de chou rouge et les Saint-Jacques de Dieppe rôties, crème parmentière au café et à l’acacia, crumble de lard d’Alsace.

 Les plats sont à l'unisson et ne viennent que confirmer la clarté du propos, que ce soit avec la Noisette de chevreuil rôtie aux baies de genièvre, salsifis panés, rouleau de pommes de terre au nori, jus minute, salsifis aux saveurs boisées, avec le Filet de canard sauvage, poireau à la flamme, agrumes, jus aux épices douces, le Dos de cabillaud confit, cresson au beurre noisette, marbré de pommes de terre et carottes, pâte de noix ou le Ris de veau de Corrèze rôti à la levure boulangère, jus au vin jaune, oignons des Cévennes, espuma de grenailles au foin.

En écho à cette cuisine pleine de goût et de cohérence, une carte des vins ciselée par Gaëtan Poels. Brillant sommelier autodidacte, il se sent aussi bien avec des vins dénichés sur les terres de France que sur les sentiers du monde.

Dans un monde souvent blasé, qui revient de tout, la volonté de ces hommes réchauffe le cœur en nous offrant à chaque service un délicieux moment hors du temps.

LD