Toutes les lumières de la ville éteintes, une lueur vivrait toujours.

C'est l'image que j'ai envie d'imaginer. Celle de cette jolie maison, au cœur de Mons, à trois mètres de la célèbre Grand-Place. Si l'espace est ténu, il abrite un grand cœur, celui de Céline Moustier. Unique, la cuisine, d'habitude cachée en coulisses, s'affiche ici en façade, tombant et épousant presque les pavés de la rue.

L'établissement abrite plusieurs belles ambiances. La cuisine en première pièce donc, vient ensuite la salle à manger ; baignée par les bois clairs, par une lumière nette, et coiffée d'un lustre majestueux. Plus loin, la petite terrasse, l'une des plus jolies cachettes urbaines à nos yeux. De l'endroit, Céline a su garder et protéger l'esprit d'avant, sans trahir sa mémoire, en y apportant ses propres goûts et sa belle âme. L'alchimie fonctionne toujours.

En cuisine, devant ses fourneaux, Céline travaille au cœur, à la sincérité et signe des assiettes nettes et bardées de goût, version bistrot chic. Ses propositions sont à la fois soignées et gourmandes, trouvant ses inspirations dans les saisons, la fraicheur des produits et voit dans le terroir un complice de jeu essentiel.

Pour le compte, on citera en exemple la Langue de boeuf finement tranchée, sauce moutarde, salade, l'Escavèche de maquereau, légumes croquants, les Goujonnettes de filets de plies, sauce gribiche, le Magret de canette, cerises Burla, jus acidulé, le Vol-au-vent de poulet fermier et homard ou les Tentacules de poulpes, les premières tomates de la serre, vinaigrette aux câpres. La même belle veine se retrouve à la carte des liquides : crus malins, grands flacons, bières choisies et belles bulles jouent de connivence avec l'assiette.

Pas de roulements de tambour ici, ni de frime inutile, juste une belle adresse de son temps, dans un cadre délicat, teint d'une humanité timide et sincère.

Tous les lieux ont une histoire, certaines histoires ont des écritures différentes, des marques qui ne s'effacent pas, indélébiles. La vie après la vie.

LD