Monsieur Jan et sa bistronomie, de grâce et de finesse.

Après des années de partage de sa passion avec les chefs et professionnels, Jan Verhaert caressait le rêve secret de la partager aussi avec ses amis et ses clients, à table, chez lui. Monsieur V naissait, il y a dix-huit mois à peine, de l'opportunité de reprendre ce charmant petit resto que l'on pourrait qualifier de bistrot de village. Il y a entamé de jolis travaux pour un résultat clair, agréable, propre, où s'accordent en harmonie les codes de la bistronomie ; là un billot et un bar, ici une salle meublée de bois et baignée de lumière. Un ensemble amène qui permet à chacun, confortablement installé, d'observer le chef s'activer dans sa cuisine ouverte. Les beaux jours, une terrasse à l'avant ou à l'arrière, permettent de profiter du calme du quartier, loin de la précipitation essoufflée de l'époque.

Rien n'est un hasard. Jan manie à merveille l'art de combiner produits locaux, de terroir et/ou d'exception dans l'exercice - parfois périlleux - de satisfaire tant la clientèle amoureuse de vraie cuisine, que celle qui aime se faire plaisir autour de grands classiques parfaitement réalisés avec la finesse d'un orfèvre. Une délicatesse qui ressemble tellement à l'homme qu'il est.

Dès l'entame du repas, on peut partager quelques rillettes, des sardines millésimées ou une planche de jambon ibérique d'exception avant d'attaquer les entrées. Cette dualité s'y illustre à merveille aujourd'hui dans le choix des entrées entre le Chou rouge fermenté, ricotta et huile de roquette, le Tourteau, pickles de carottes et mayonnaise à la fleur d'oranger et en plats du moment qui offrent la vedette aux Asperges blanches, morilles, oeufs de caille confits et espuma d'orange, les Ris de veau, morilles, asperges et vin jaune.

Les amateurs de grillades se réjouiront de la parfaite utilisation que fait le chef de son 'Green egg' avec un dosage de la fumaison idéalement distillé sur l'Entrecôte maturée Txogitxu grillée, sauce béarnaise et frites maison.

En vrai amateur de vin, Jan s'est entouré de quelques bons pourvoyeurs allant du classique bordelais jusqu'au nature à indice de buvabilité maximal. Coup de cœur récent et joie signée pour La Rosine de Stéphane Ogier, petite perle de Syrah des collines du Rhône.

Inutile de préciser que sauces et fonds sont faits maison et que le pain vient d'une boulangerie locale qui fait passer le goût à n'importe quel chef de faire son pain maison tellement il est bon.

Quant à ce nom, Monsieur V., pour la jolie anecdote, c'était celui que sa femme lui avait donné à l'époque, et qu'il a gardé depuis.

Une adresse incisive, précise, galvanisante. Coup de cœur.

LD