L'une des plus belles brasseries de Belgique.

Déjà, au premier regard, la façade donne le ton du voyage. Depuis 1946, celui d'une enseigne dont l'esprit entre en résonance avec les racines profondes de la ville ; mieux, elle en fait partie à part entière. Et l'on n'aurait pas trop de mal à imaginer un passé, pas si lointain, où l'endroit aurait été une vraie gare au coeur de Bastogne, déchargeant des vagues de voyageurs. Rien de cela pourtant.

A l'intérieur, le décor est comme un terminus, il dessert l'atmosphère du l'univers ferroviaire, version Orient Express : placage en bois, plaques en émail, clichés de quais, allusion diverses au monde du rail et, points ultimes du décorum, les deux wagons en façade. Tout cela confère un supplément d'âme au lieu qui tranche avec les attrape-touristes du cœur de ce haut lieu de nos Ardennes.

Dessiné donc autour de l'univers du « chemin de fer », un terme que l'on pourrait rapprocher de la Famille Bertholet, elle qui depuis plus de 75 ans, protège la voie et reste fidèle à la trame initiale : proposer une cuisine de goût, marquée d'un remarquable savoir-faire, offrant une réelle expérience ; l'ensemble enrichi d'un service à la gentillesse naturelle et d'une vraie bienveillance. Trois-quarts de siècle après sa création, le Wagon Léo, de génération en génération, réussi l'exploit de, chaque jour et à chaque service, perpétuer cet esprit familial, sans auto-célébration, sans forfanterie et dans la seule et noble ambition que celle de ravir ses hôtes en s'appuyant sur la volonté de « faire du bon ».

Les chefs de cette immense station qu'est le Wagon Léo, ce sont Arnaud et Grégory Bertholet. Ils poursuivent l'œuvre de la famille, en avançant, en améliorant. Toujours.

L'un à la tête des fourneaux, l'autre à la direction de salle. Avant de prendre la mène de ce grand vaisseau, les frères ont voyagé, étudié, appris et acquis auprès de très grands chefs en vivant leur formation dans les plus grandes maisons étoilées de Belgique, de France, des Etats-Unis et du Japon. Ces bases, ces socles essentiels souvent dédaignés.

Dans l'assiette, le Wagon Léo s'appuie sur un répertoire de valeurs sûres et absolues en réussissant la prouesse de voguer aussi bien dans les références de Brasserie - avec la Soupe de poissons maison, les excellentes Croquettes aux crevettes grises, les Véritables boulets à la liégeoise, bière brune et sirop de Liège ou le magnifique Vol-au-vent à la royale (volaille fermière, ris de veau, foie gras poêlé et râpé de truffe) ; qu'en approche plus Bistronomique avec les Escargots de Bourgogne Label Rouge, les Couteaux en persillade gratinés au feu de bois, le Fish & Chips de cabillaud frit, sauce tarte maison (à vivement recommander aux amateurs du genre), l'Aile de raie, beurre noisette aux câpres et citron vert ou encore avec l'incontournable Bouillabaisse Maison. Amour du chef pour les grands classiques de la cuisine française.

Au fond, cette apparente simplicité ne fait que refléter le goût de l'époque : quand on a du mal à comprendre le fonctionnement du monde qui nous entoure, mieux vaut protéger nos grands classiques, nos valeurs sûres et comprendre le contenu de nos assiettes. De même, l'éclat d'un restaurant ne réside pas dans la distance d'un service prétentieux. Il mijote dans la chaleur de l'accueil et la générosité de la cuisine.

LD