Le Bagù, de ses 18 petits mois d'existence, a réussi d'emblée le tour de force de nous donner le sentiment d'exister depuis toujours. Un peu comme un morceau de musique qui serait devenu un standard avant même de passer en radio. Sans doute est-ce dû à une grande justesse que l'on doit cela.

Justesse du cadre d'abord. Un décor lumineux, habillé de couleurs chaudes ou chamarrées, un mobilier bien choisi ; là un office bardé de bois, ici de la pierre et une cuisine ouverte sur la salle. Soit le remède absolu au blues et aux jours tristes. Justesse et honnêteté de la démarche ensuite, celle de Steven Mirelli et Sophie Dubois qui ont placé leur Bagù sous le signe du bon goût. Leur arrivée à Thuin n'est à lire que comme la volonté farouche de se rapprocher de leurs terres.

Justesse des produits aussi, sourcés des plus nobles terroirs, qu'ils soient liquides ou solides. En vrac, aujourd'hui, l'Os à moelle rôti, les Croquettes de porc ibérique, le Homard rôti au beurre de vin jaune, la Fricassée de petits-gris de Warnant, poitrine de porc, émulsion de persil, le Veau, crème de whisky, jus d'oignons doux, café, le Lieu jaune, Comté, jus de coquillages, crémeux de chou-fleur et le Tiramisu et le Croquant, bergamote, thé matcha, yuzu pour clore les ébats. Bien vu !

Ces bons produits se donnent avec gourmandise et précision à la façon de véritables lubrifiants pour l'âme, empêchant les fausses notes bistronomiques.

Steven Mirelli, cuisinier au bel instinct, à la générosité spontanée a choisi d'ouvrir ses horizons à d'autres produits. N'oubliant cependant pas ses origines italiennes en ponctuant ça et là ses assiettes de petites pépites transalpines et de jolies harmonies liquides viennent enrichir l'expérience.

A l'unisson de tout cela, on pointe l'accueil de Sophie. Discrète et efficace, elle joue son rôle en sobriété, à la manière de ces grâces précieuses que l'on n'entend pas, mais que l'on ressent.

Cette adresse s'affirme et s'affine, la montée en puissance est lisible, comme une évidence.

LD