La jeunesse est un art.

Depuis la naissance du Quai, à l’été 2020, en plusieurs venues, c’est un même sentiment : celui de se livrer entre de belles mains, endosser le costume de victime extatique. On sait où l’on est, ou presque.

La rue est toujours poétique, les vieux pavés, bordée de beaux féviers, retrouver ce parfum de douce promenade urbaine. Comme un théâtre. Et puis, cette maison, superbe, et son charme digne. C'est là, dans ces murs, que Maxence Bourhala, Charles-Maxime Legrand et Nina Vray, en juste retour à leurs racines, ont choisi de poser armes et bagage, au cœur de leur terre natale, il n’y a même pas deux ans. Les armes ; leurs couteaux et fouets, leurs casseroles et assiettes. Le bagage ; leurs vies, leurs chemins, leurs écoles ; entre le Sea Grill d'Yves Mattagne, le Château du Mylord des Frères Thomaes, le Nuance de Thierry Theys et le Gré du Vent, pour eux et dans le désordre. Ces jeunes mains ont du savoir, de l'enthousiasme, de l'envie. Un appétit de faire du bon, un désir de donner bien à manger. Et cette touche virtuose.

Une fois à l’intérieur, le décor est épouse la quête, il porte une signature. Il est délicieusement rassurant de se savoir dans un antre du bon goût, peu importe la forme que cela puisse prendre. Il y aussi la présence d'un beau bar central, de couleurs apaisantes, d'un mobilier bien choisi, de beaux luminaires. Tout cela contribue à planter une atmosphère vivante et délicate. Il reste cependant que la vraie et belle raison, le sujet essentiel de pousser la porte de cette belle maison, c'est l'assiette.

La jeunesse est un art. Oscar Wilde a raison. Rien n'est plus vrai pour nos trois complices. La cuisine assure mieux que bien et l’équipe s’étoffe d’une jeune humeur avec les regards tous tournées vers l’excellence.

Nous nous sommes plongés déjà quelques fois dans les menus du Quai N°4. Autant de belles promenades, autant de jolis voyages, comme pris par la main dans les envolées de la jeune brigade. Tendre et généreuse, fidèle à un esprit de simplicité et de goût, l'assiette régale d'un travail précis sur des produits triés avec minutie. Elle témoigne à chaque visite d'un sens éclairé de la composition, d'un souci des textures et d'un vrai travail sur les jus et les sauces. On a encore le témoignage, ici et maintenant, de belles envolées sur l'Espadon, céleri, citron vert, sur la Lotte, tomate, aubergine, parmesan, sur les Ecrevisses, choux, orange et cresson ou sur le Ris de veau, langoustine, riz pilaf et sucrine.

Il n'y a pas d'atterrissage forcé dans ces menus, la grâce s'affirme et porte l'ensemble aussi et encore par les desserts de Charles-Maxime : aériens, gouteux, fins, inventifs. Preuve en est avec cette partition autour de la Pêche, Champagne et basilic ou cette version de la Pavlova, nectarine et groseille.

En salle, il y a aussi et surtout un service plus que bienveillant et très précis.

La route s'annonçait belle, elle l’est. Et parée d'une étoile désormais.

LD