50 Nuances de Gras, quelques nuances d’Eric

12 décembre 2019

Eric Boschman n’est plus à présenter, même si avec les années on ne sait plus trop quel est le métier de cet interspécifique de la Gastronomie. Ancien Sommelier et Homme de médias, celui qui est peut-être l’un des plus connus Foodtertainers du Sud du pays sort son nouveau livre, 50 Nuances de Gras.

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On ne va pas se mentir, même si je nourris d’ambivalents mais quand même bien sympathiques sentiments à l’égard de ce brave Eric, je n’aurais jamais ouvert l’ouvrage si je ne l’avais reçu pour consultation, avec une petite tape dans le dos (du calme, les rageux, je n’ai même pas reçu une version papier !). L’homme a tendance à aimer à surjouer, et parfois peut-être à taquiner la réflexion de ses lecteurs par quelques affirmations péremptoires… sans nuances.

Bref, avec une référence non cachée au film pas très fin que je n’ai pas vu et vu le pédigrée de l’auteur, je craignais le pire. A tort.

50 nuances de Gras est un livre en fait un peu OVNI. Un fourre-tout à l’image de l’auteur, mais je le sens comme un regard en arrière, tendre et frivole, sombre et lumineux, qui se dévoile maladroitement. Alors qu’Eric est un orateur et amuseur public, certains textes donnent cette impression de la confession d’un timide ayant le spleen du temps passé, qu’il ponctue par une pirouette pas toujours très fine mais qui n’est là que pour masquer la vérité du sentiment.

La vie d’Eric ainsi racontée. Contée aussi, mais on se fout de savoir ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Elle montre l’omniprésence de la gastronomie dans les moments marquants, de l’extrême érotisation et sentimentalisation de la Cuisine aussi. A partir du moment où on mange pour autre chose que ne plus avoir faim, le fait-on pour d’autres raisons que les sentiments au fond ?

Je trouve du coup un peu frustrant de ne pouvoir me référer directement à une recette lors d’un texte. Le Mojito de Saudade (texte magnifique) a une saveur dans les mots que l’on aimerait mettre en balance, le toucher des yeux quand les mots nous touchent.

Le choix des recettes, éclectique et à l’intérêt variable certes, prend tout son sens dans le lien des mots, les images de Lionel Daneau sont soignées et dans un style actuel bien que non révolutionnaire, bref on prend du plaisir.

Franchement, dans la catégorie (malheureusement foisonnante) des livres de cuisine d’hommes et femmes de médias que l’on retrouve dans notre petit pays, dont si souvent le contenu est au travail éditorial ce que le scénario 50 nuances de Gris est au cinéma, le dernier opus d’Eric Boschman fait office de belle surprise de cette fin d’année.

 

Jehan Delbuyère

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Auteur : Éric Boschman – Photographies Lionel Daneau.
Editions Racine
24,95 €
En libraire dès le 13 décembre