Crémants : une passion partagée

15 juin 2016

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Une petite abbaye nichée dans un village ensoleillé du Languedoc cache parfois de curieuses délégations… Loin des prières pieuses de moines qui contribuèrent à la richesse viticole de la région ; les échos résonnaient dans les vieux couloirs en pierre aux sons d’accents chantants. Et pour cause : la « Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de crémant » débarquait en grande pompe pour sa réunion annuelle. Alsace, Bordeaux, Bourgogne, Die, Jura, Limoux (du Languedoc), Loire, Savoie (entrée dans le groupe depuis 2015) et Luxembourg ont partagé leurs bouteilles mais surtout discuté avenir…

Née en 1982, la Fédération vise à regrouper les différentes régions produisant des crémants mais également à protéger et unifier ce que l’on désigne sous ce type de vin effervescent. L’occasion de se pavaner légèrement en organisant le 25ème concours national (un peu international avec le Luxembourg) des crémants au sein (entre-autre) de l’abbaye de Saint-Hilaire. Le lieu reste hautement symbolique puisque de sérieuses recherches permirent au Languedoc de revendiquer la paternité de la méthode traditionnelle… aussi appelée méthode champenoise. Un bon de commande datant de 1544, d’un gourmand local, atteste de la présence d’une Blanquette à cette époque et dépasse donc pour le moment les archives de Champagne !

En quelques chiffres :

8 Appellations d’origine contrôlée (AOC) produisent 87,3 millions de bouteilles par an (pour en vendre 79 millions). L’exportation (entre 20 et 50% des ventes) et le prix compétitif (entre 8 et 10€ la bouteille) permettent aux crémants de garder une popularité auprès des consommateurs, dont de nombreux Belges.

Incluant désormais la Savoie (qui monte en reconnaissance et qualité pour tous ses vins), la Fédération souhaite consolider ses parts de marché tout en poursuivant l’effort de communication pour renforcer une position tenaillée par les Champagnes ou d’autres mousseux populaires comme le Cava espagnol ou le Prosecco italien. Mais ce sont surtout d’autres pays qui produisent des « crémants », comme l’Australie, qui entrent dans le collimateur des AOC regroupées. La Fédération entend bien déposer, devant l’Union Européenne, une proposition de refonte du texte fixant le cahier des charges et les spécificités de l’appellation. Une protection accrue permettrait d’abord de créer une position solide en Europe, incluant peut-être d’autres pays qualitatifs comme la République Tchèque, sous une seule bannière. L’étape suivante consisterait à créer des accords bilatéraux avec d’autres pays pour protéger le nom dans le monde. Songeons par exemple à la Chine, grand consommateur de vins, qui reconnaît une quarantaine d’appellations bordelaises ou le Champagne depuis peu… Alors que Bordeaux produit des créments sous AOC (ne faisant pas partie de l’accord actuel avec le géant asiatique, pour attendre le nouveau texte européen).

Tiré du Moyen Age, le crément ne cesse donc de progresser en qualité, ventes et position mondiale. Une aubaine pour les curieux ou simplement pour ceux qui aiment varier les plaisirs sans se ruiner !