La fin du foie gras aura-t-elle lieu ?

17 février 2014

Depuis cet automne, les militants écolos qui réclament la fin du gavage industriel et artisanal des palmipèdes sont particulièrement actifs.
De Joël Robuchon à Gordon Ramsay, les chefs semblent prêter de plus en plus l’oreille aux associations de défense des animaux qui veulent interdire le foie gras. Qu’en est-il vraiment ?

À La Roche-sur-Yon, au siège de la maison Soulard, fournisseur de chefs étoilés et de palaces parisiens, le directeur Roland Tonarelli passe beaucoup de temps à répondre aux médias. Depuis trois mois, ce groupe familial est, bien malgré lui, sous les feux des projecteurs. La maison a perdu la confiance de clients comme Gordon Ramsay et Joël Robuchon qui ne veulent pas de piquets de manifestants devant leurs établissements.

Les ennuis de la famille Soulard ont commencé le 6 novembre quand l’association L214 a mis en ligne des images chocs tournées clandestinement dans ses établissements de gavage. On y voit des canards incapables de bouger dans des cages individuelles, une cage qui tombe violemment et un palmipède agonisant sur un abreuvoir. Depuis, le Fouquet’s, le George V, le Royal Monceau, l’Atelier de Joël Robuchon, le Jules Verne et le Meurice (Alain Ducasse), Lenôtre et la Grande Brasserie Flo sont sommés par les défenseurs des animaux de ne plus s’approvisionner chez Ernest Soulard. Alain Ducasse a fait savoir que la maison Soulard n’était pas son principal fournisseur de foie gras mais qu’«il suspendra son contrat si la maltraitance est avérée». Cela n’a pas suffi aux défenseurs des animaux qui ont manifesté sous la tour Eiffel lors des 30 ans de son restaurant au second étage, le Jules Verne, le 30 janvier.

Face à ce scandale, le producteur a d’abord déposé un référé le 8 novembre devant le tribunal de grande instance d’Angers pour obtenir la suppression des vidéos sur le site de L214. La présidente du tribunal, Mauricette Danchaud, n’a pas été convaincue et le groupe familial a perdu son procès. Quinze jours plus tard, l’entreprise a rendu publique dans Ouest France une note rédigée par la Direction départementale de la protection des populations de Vendée. Son directeur Bernard Blot y assure que les établissements Soulard sont bien en conformité tant sur «le plan sanitaire» que sur celui du «bien-être de l’animal».

À Paris, Marie-Pierre Pé, déléguée du Cifog (Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras) dont les adhérents préparent 75 % du foie gras mondial, n’avait pas vraiment besoin de ce scandale franco-français. Sur les dix premiers mois de l’année 2013, les ventes en France ont reculé de 11,2 % par rapport à 2012 et ce bien que les prix aient baissé de 3,7 %, selon FranceAgrimer, établissement national rattaché au ministère de l’Agriculture. Le gavage n’a jamais été glamour. «C’est un métier qu’on peut difficilement montrer, concède Roland Tonarelli. C’est choquant car on pense à notre glotte mais le gésier est sans filtre, quand on ouvre un gésier, on y trouve des cailloux, même des boulons… Les canards mangent de tout.»

Or, depuis cet automne, les militants écolos qui réclament la fin du gavage industriel et artisanal des palmipèdes sont particulièrement actifs. Le 21 novembre, ils ont lancé la première journée mondiale contre le foie gras en manifestant devant diverses ambassades de France à l’étranger et devant le Fouquet’s sur les Champs-Élysées. Tête de proue du mouvement, L214, dont le noyau dur se compose d’enseignants quadra végétariens, est de plus en plus écoutée. Le bien-être des animaux devient un sujet national. «Notre objectif est d’éradiquer le foie gras, même bio», explique Brigitte Gothière, porte-parole du mouvement.

Une guerre de communication

Pour les 8000 exploitants français dont les trois quarts sont installés dans le Sud-Ouest, ce n’est pas bon signe. En Europe, le foie gras est légal mais controversé. Seuls sept pays dont la Suède interdisent le gavage. Mais les initiatives privées de chefs et de magasins se multiplient.

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Source : LeFigaro.fr