Lucas Carton, sacré feuilleton !

26 novembre 2013

Source LeFigaro.fr, un article de François Simon

En 2005, Alain Senderens fait sensation avant la sortie du Michelin: il remet de lui-même ses trois étoiles.

Si vous retournez au restaurant Alain Senderens, place de la Madeleine, à Paris, vous risquez de marquer un temps d’arrêt. L’enseigne vient d’être changée, mais des verres gravés scandent encore dans la salle le nom d’Alain Senderens. La carte témoigne des classiques de cette institution. Tout est presque pareil, mais tout est transformé.

Depuis le 31 octobre, cette table illustre a été reprise par Paul-François Vranken et Nathalie Vranken, qui en ont confié l’exploitation au traiteur Potel et Chabot. L’histoire mérite d’être racontée et appartient à ces feuilletons de la vie parisienne.

En 2005, Alain Senderens fait sensation avant la sortie du Michelin: il remet de lui-même ses trois étoiles. Il se déclasse ainsi vers une catégorie plus modeste, celle d’une «brasserie de luxe», expression insufflée par le cuisinier mais qui le fait bondir d’exaspération chaque fois qu’on la lui ressort. Bien lui en prend. Lui qui risquait de perdre sa troisième étoile, devance le tir. Quant à son affaire, elle rebondit superbement en supprimant les nappes, le caviar et les prix démesurés (plus de 300 euros par tête de pipe). L’addition passe à 100 euros et le restaurant est ouvert sept jours sur sept! On comptait 90 clients par jour, tout à coup le curseur tape dans les 170 en 2012…

Jusque dans les années 2010, la créativité est au rendez-vous. Puis elle s’essouffle: la routine s’installe. Alain Senderens n’a plus la niaque de ses 20 ans. En réalité, son brillant second Jérôme Banctel est déjà au piano depuis des années. À 74 ans (le 2 décembre prochain), Senderens, réputé pour ses trouvailles, porte alors sa lunette d’astronaute vers un éventuel repreneur. Des «Russes» se manifestent, mais ne font pas l’affaire. Vient ensuite un attelage intéressant: Nathalie et Paul-François Vranken, qui ne verraient pas d’un mauvais œil la reprise avec un chef tout trouvé, Jérôme Banctel. C’est son fils spirituel, son chouchou choyé et sollicité pour toutes les ouvertures de la chaîne d’hôtels Mama Shelter coachés par Alain Senderens. On les voit tous les deux posant sur un livre de recettes: le projet est quasiment entériné, sauf que l’offre est un peu faiblarde aux yeux du couple Alain et Eventhia Senderens.

Arrive alors Yannick Alléno.

Lire la suite de l’article ici.