Seul au restaurant… et bien dans son assiette

12 septembre 2013

Via Atabula.com

Manger seul dans un grand restaurant. L’idée peut paraître étrange. Doit-on y voir une forme de détresse sociale ? Un égoïsme forcené ou la quintessence de l’expérience du restaurant, nullement perturbée par des discussions étrangères à l’assiette ? Dans l’univers de la gastronomie, le client seul interpelle. Un directeur de salle, un critique et un gastronome donnent leur point de vue sur la solitude du client face à son assiette.

Paul Godin, directeur de salle à l’Assiette Champenoise (Reims, 2 étoiles Michelin)

« Ce sont majoritairement des hommes, très rarement des femmes. Le profil le plus fréquent est donc masculin, la soixantaine et gastronome depuis longtemps. Au déjeuner, notre client seul n’hésite pas à prendre le menu dégustation et à profiter du moment. Le soir, nous sommes plus en face de l’homme d’affaires en déplacement. A deux ou trois reprises, j’ai été confronté à la situation où le client ne se sent pas à l’aise, dérangé de vivre ce moment seul. Il demande généralement un plat en direct, un café et il repart dans sa chambre. Souvent, ce client revient quelques semaines après accompagné de sa femme, totalement différent dans sa consommation du lieu.

Pour nous, le client seul est toujours source de question : ne serait-il pas un inspecteur d’un guide quelconque ? Cela nous traverse l’esprit mais cela ne change rien dans le traitement que nous lui accordons. A l’Assiette Champenoise, le client seul bénéficie souvent des meilleures tables pour qu’il profite au maximum de la vue sur le jardin et la salle. Et nous lui portons une attention particulière pour que, surtout, il ne s’ennuie pas. Le sommelier veillera à lui expliquer les vins avec un peu plus d’attention encore. Je n’hésite pas non plus à vérifier que tout se passe bien.

Au final, je note surtout que le client seul consomme exactement comme un autre. S’il vient ici, c’est qu’il a envie de se faire plaisir. C’est l’essentiel pour nous. »

François Simon, journaliste et critique gastronomique au Figaro

« Etre seul, ça change tout dans ma perception du repas. J’ai la chance d’avoir un bon rapport à moi même ; me retrouver seul n’est donc pas un souci, bien au contraire. Quand j’ai des décisions personnelles à prendre, je mange seul. Il n’y a rien de pire que d’être accaparé par un vis-à-vis qui vous empêche de profiter. Alors que seul, toutes les sensations sont décuplées, je regarde les assiettes passer, j’observe, je note les menus détails. Je vis pleinement l’instant.

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