Enivrante Asie

28 décembre 2012

Par LeMonde.fr

LE MARCHÉ MONDIAL DU VIN CONTINUE DE BASCULER VERS L’ASIE.

Dernier signe tangible de cette révolution, le 11 décembre dernier, Robert Parker, fondateur de la très influente revue Wine Advocate, annonçait au Wall Street Journal qu’il vendait son titre à des intérêts asiatiques. Le critique le plus connu du monde cède ainsi la majorité de ses parts au Singapourien Soo Hoo, fondateur d’Hermitage, un gros importateur et distributeur de vins. Dès fin 2013, cette bible mondiale des grands crus cessera d’être diffusée sur papier, et la responsabilité éditoriale en sera confiée à son actuelle correspondante à Singapour, Lisa Perrotti-Brown. On murmure que Parker – qui devrait continuer son activité de critique sur les bordeaux et les vins de la vallée du Rhône – a vendu « le Parker » pour 15 millions de dollars (11,3 millions d’euros). Cette décision fait écho à la progression considérable de la consommation de vin en Asie, un continent qui devrait fournir plus de la moitié de la croissance du secteur dans les trois ans à venir. Ainsi, la Chine est récemment devenue le cinquième consommateur de vin au monde. « Le marché asiatique a atteint sa maturité dans les dix dernières années et il ne serait pas réaliste de ne pas participer au mouvement », a expliqué M. Parker au Wall Street Journal. En même temps que son centre de gravité se déplaçait vers l’Orient, le vin est devenu une valeur refuge. Avec la crise et la volatilité grandissante des placements traditionnels, nombre de nouveaux investisseurs y voient un « produit défensif » rassurant dont la rentabilité serait peu susceptible de se dégrader dans les années à venir. Dans ce contexte, le guide Parker peut être considéré comme une belle prise pour Hermitage.

L’histoire de Robert Parker commence en 1967 lorsque ce jeune homme venu du Maryland commande un verre de vin rouge dans un restaurant de Strasbourg, parce qu’il trouve le Coca-Cola trop cher. L’histoire ne dit pas ce qu’on lui sert, mais la révélation est immédiate. Devenu avocat, Robert Parker, aujourd’hui âgé de 65 ans, commence à publier une newsletter confidentielle et détecte avant tout le monde les vertus du millésime 1982, à Bordeaux, que les critiques étaient unanimes à trouver médiocre. La légende Parker est en marche. Il se lance à temps-plein dans la critique et déploie une volonté d’indépendance radicale, prônant les dégustations à l’aveugle et refusant d’accueillir la moindre publicité dans ses colonnes. Le Wine Advocate se veut le champion de la défense du consommateur, dans la lignée d’un Ralph Nader. Et, pour rendre plus percutants ses avis, il les assortit d’une note sur 100. Intuition géniale. A partir des années 1990, la note Parker va exercer sur le marché une influence démesurée. Lire la suite ici