Le Beaujolais trafiqué ?

19 décembre 2007

Le parquet de Villefranche-sur-Saône (Rhône) enquête actuellement sur un trafic de 600 tonnes de sucre ayant pu servir à améliorer artificiellement certains vins du Beaujolais entre 2004 et 2006, a-t-on appris lundi de source judiciaire.

70 à 80 viticulteurs entendus

Quatre personnes ont été interpellées début décembre dans le cadre d’une enquête portant sur la vente de 600 tonnes de sucre sans facture réalisée dans «3 ou 4» supermarchés de la région, qui auraient été ensuite revendues à des viticulteurs du Beaujolais, selon des carnets qui ont été saisis, a annoncé le procureur de la République de Villefranche, Francis Battut.

Les enquêteurs tentent d’identifier les clients de ce réseau, «qui sont parfois désignés par des surnoms», a expliqué le magistrat en ajoutant que 70 à 80 viticulteurs seraient probablement entendus au début de l’année prochaine dans le cadre de ce trafic.

La filière beaujolaise mobilisée

Dans un communiqué, Inter Beaujolais, qui regroupe les professionnels de la filière Beaujolais, a condamné «très fermement ces pratiques illégales et envisage la possibilité, si l’enquête démontrait leur existence effective, de se constituer partie civile».

«La filière beaujolaise s’est mobilisée depuis plusieurs années au nom de la qualité et a engagé un travail de fond pour proposer aux consommateurs des vins répondant à un ensemble de normes strictes. Elle déplore l’impact très négatif que de telles pratiques pourraient avoir sur l’image de la région et de ses vins», poursuit encore l’organisation interprofessionnelle.

La chaptalisation est une pratique légale en viticulture. Elle consiste à rajouter un peu de sucre en début de fermentation afin d’augmenter le degré d’alcool, et doit être consignée sur un carnet «de sucrage». Mais l’ampleur du réseau clandestin montre que la pratique illégale de dépassement des chaptalisations autorisées (surchaptalisation) était assez répandue dans les années 2004 à 2006, selon le procureur.