Turin, capitale des alter-gastronomes

23 novembre 2006

Sous l’impulsion de l’organisation Slowfood se tenait, fin octobre à Turin, la cinquième édition du Salon du Goût qui a célébré la biodiversité et les terroirs gourmands du monde entier.

Tubercules africains, fromage de yak tibétain, harengs salés de l’Arctique, chair de caïman séchée d’Argentine… Du 24 au 27 octobre dernier, le Salon du goût de Turin relevait de la tour de Babel gastronomique. Pas moins de 172 000 visiteurs – un record – ont ainsi parcouru 600 stands du monde.

Pour sa cinquième édition, le salon a consacré Turin, capitale du mouvement Slowfood (fondé par Carlo Petrini). Et a prouvé, par son succès, qu’une agriculture célébrant les bons produits, cultivés en saison par des paysans rémunérés au juste prix pour des amoureux de la bonne chère, avait bien sa place dans le cœur des consommateurs. Au point que le forum « Terra Madre » n’a pas eu de mal à réunir 5 000 petits paysans, pêcheurs, éleveurs, représentants de communautés rurales et un millier de chefs conduits par Alain Ducasse pour débattre de commerce équitable, de défense de la biodiversité et de transmission du savoir.

Alain Ducass

Organisé en « village global », le salon a regroupé les différentes familles de produits (légumes, fromages, huiles, viandes, vins, charcuterie) par « rues », dans lesquelles étaient disposées des « sentinelles », soit des petits producteurs tentant de réhabiliter, non sans risques, des semences ou des races en voie de disparition. Chez les Français par exemple : la lentille blonde de Saint-Flour, le navet de Pardailhan ou le cochon noir de Gascogne. En France justement, Slowfood est déjà bien implanté puisque c’est à Montpellier que se tient le salon officiel du mouvement. Mais pour le chef Alain Senderens, présent à Turin, le pays a manqué le coche. « C’est à nous qu’il revenait de réunir dans une même enceinte tous les métiers de bouche. Je l’avais proposé il y a vingt ans. Les hommes politiques ne m’ont pas écouté. Maintenant, c’est ici, à Turin. Pour toujours. »

Souce Figaro – Richard Heuzé