Pousser cette porte, une brûlure.

La porte de cette maison ne s’ouvrira jamais comme les autres. Ni cette porte, ni celle d’avant, ni celles des Carmélites, ni celles des éphémères, ni aucune des portes que Christophe Hardiquest a posé sur son parcours. Autant d'univers, autant d’horizons. Autant d’hommes et autant de femmes en brigade, en audience, autant d’humains et d’humaines en coulisses. Autant d’étoiles, une constellation de pluriels.

Depuis quelques mois, Christophe Hardiquest a posé une autre feuille blanche dans ses murs, toujours à l’orée de la Forêt de Soignes. Envolées les étoiles, évanouies les toques, horizon cristallin. Effacé le décor de Bon Bon, gommé les velours, enlevés les sièges cossus. Le bois est venu, là par un ciel de branches, ici par un comptoir aux courbes voluptueuses ; éclaireur des autres éléments, il appelle de ses branches, il invite le jardin, il convie la forêt, il exhorte la terre. Le ciel et la mer ne sont jamais loin, plus complices et fidèles que nous. Les éléments ont toujours raison.

Pour parler de l’assiette, j’ai attendu. Aucune envie de jouer les mentalistes de tribunes, le temps a des vertus étourdissantes, celles que les modes ignorent, mon choix est gravé depuis longtemps.

Si le restaurant de Christophe Hardiquest a trouvé nouveau costume, son âme profonde et celle de sa cuisine reste marquée, au fer. Et ce jour-là, il aura suffi d’une seule et unique mise en bouche pour retrouver l’essence de ce qui fait la cuisine du grand Chef. Le « bam » que l’on cherche tous ! Ensuite, de vivre cette cuisine portée sur les goûts majeurs, une cuisine galvanisante d’un côté, sensible de l’autre, lisible et complexe, mais tellement libre. On est au-delà de la justesse, au-dessus, bien au-dessus.

Après un tel repas, on ne peut que convoquer les superlatifs. Pour plein de raisons, tant de raisons, il les mérite. Ne fût-ce que pour le bonheur offert et reçu.

LD