L’AFSCA, le juge et le bourreau

28 novembre 2019

Hier, une nouvelle fois, l’AFSCA a été pointée du doigt dans les médias et sur les réseaux sociaux après un nième contrôle d’un fromager au lait cru qui se termine en obligation de destruction d’un lot pourtant tout à fait sain selon la littérature scientifique. Mise en cause une fois de plus, l’Agence se retranchera encore derrière sa communication, une communication qui lui est propre…

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L’AFSCA a été créée en 2000 suite à la crise de la dioxine, qui a ébranlé la Belgique. L’Agence a eu pour mission, salutaire, de protéger la santé des personnes, des animaux et des plantes. A travers des contrôles, des normes à respecter, des aménagements à faire.

« L’AFSCA est sous le contrôle du monde politique. Elle applique ce qu’on lui dit d’appliquer. »

Cependant, si c’est bien l’AFSCA elle-même qui fait office de contrôleur et de bourreau, il ne faut pas oublier un point important : l’AFSCA est sous le contrôle du monde politique. L’Agence applique ce qu’on lui dit d’appliquer. Ce n’est pas le policier qui décide que la limite de vitesse, il est responsable du contrôle et de la verbalisation. Ainsi en est-il de même pour l’AFSCA.

Mais peut-on dire du coup que tout se passe bien ? Que l’AFSCA est une affaire qui roule ? Non, je ne le pense pas, mais son implication est bien moindre que ce que l’on en dit, et le monde politique doit bien moins se cacher derrière ce si voyant épouvantail.

Le plus important à mes yeux est de rééquilibrer les normes, de les rendre plus en phase avec l’artisanat. Car l’Industrie a tout compris, et sait très bien que tout se joue au moment d’édicter les règles, beaucoup plus encore qu’au moment de les appliquer. Ils peuvent se permettre ainsi d’envoyer experts et lobbyistes lors de réunions visant à établir le cadre, là où l’artisan n’aura simplement pas le temps.

« L’industrie a tout compris, et sait très bien que tout se joue au moment d’édicter les règles. »

Il en résulte des contraintes qui s’avèrent ubuesques pour les petites structures, pour lesquelles on peut légitimement se douter de l’utilité autre que de préparer le terrain à l’industrie. Cela mène aussi à une forme de frustration de l’entrepreneur qui développe son activité, perdu devant un véritable mur de règles à la fois incompréhensibles et menant à des aménagements impayables. Changer ce mode est de la responsabilité politique pure, mais ses représentants qui s’indignent sur les réseaux sociaux sont souvent bien moins enclins à changer une fois dans leurs bureaux.

Il faut également réfléchir sur ce qu’est la sécurité alimentaire, sur les morts dans leur globalité. Le fromage au lait cru n’a pas tué en Belgique, mais les méfaits de notre consommation effrénée de sucres raffinés engendre elle de lourdes maladies et décès. Le Cola est en cela bien plus meurtrier qu’un fromage. Le poulet de batterie bien plus dangereux qu’un légume mal lavé.

Une autre voie pourrait être aussi de travailler toujours plus de concert entre le secteur et l’AFSCA. Peut-être une idée est de mener des campagnes de communication ensemble ? Le public ne connait pas le rôle de conseil de l’Agence, qui permet d’éviter des prises de décisions qui pourraient s’avérer catastrophique pour le développement d’une entreprise.

Donc, en définitive, il faut bien réfléchir sur les responsabilités à chaque fois que l’on voit l’AFSCA mentionnée, mais il faut bien réfléchir en terme de vies brisées aussi, et urgemment revoir de fond en comble le fonctionnement de notre sécurité alimentaire, de ce que nous voulons nous protéger. Afin de pouvoir consommer du fromage vivant, afin de nous prémunir de viandes indignes.

Jehan Delbruyère