Les cavistes et les grandes surfaces font-ils le même métier ?

16 juin 2013

Via Saturday Wine Fever par Eric Boschman.

Il me revient donc que certains cavistes sont offensés par le fait que je puisse écrire surtout a propos des vins des grandes surfaces. Certes, mes amis, c’est agaçant, pour vous comme pour moi. C’est vrai, mais ne serait-il pas temps de placer les bornes des limites un peu plus loin que ce stérile clivage entre eux et vous, voire l’inverse ? Je vous l’accorde, vous, cavistes, vous pouvez sélectionner des productions plus limitées, des choses plus orginales. Eux, ceux dont vous n’aimez pas que je cite le nom, achètent au moins quelques milliers de cols à chaque fois qu’ils remuent le bout du petit doigt ce qui rend les achats de micro cuvées un peu compliqué parfois. Mais est-ce pour autant qu’ils méritent l’opprobre ? Car, il ne faudrait quand même pas le perdre de vue, ils représentent quand même plus ou moins 80% des ventes de vin du pays. Vian disait : « la vérité n’est jamais du côté du plus grand nombre », mais est-ce pour autant que 80% des consommateurs sont des veaux ? Et puis, au même titre que ces monstres de la grande distribution, les cavistes sont ils tous des génies de la boutanche ? N’y a t il pas autant d’incompétents des deux côtés du Caddie ? Cela fait de nombreuses années que le débat fait rage et parfois désespoir : Qui du caviste ou du conseiller vin de la grande surface fait le mieux son travail ? J’avoue que parfois, le doute m’habite. Certes, je fréquente quelques individus de très haut vol, mais il m’est arrivé aussi de m’arrêter chez des cavistes qui ne connaissent du vin que ceux des tarifs de leur fournisseur exclusif. Ce qui n’est guère une tare, mais qui ne permet pas non plus LA grande ouverture et le partage de connaissance que l’on est en droit d’espérer lorsque l’on fait le choix du magasin de proximité, de l’homme en tablier qui sent bon le Dior Homme et qui fait goûter les vins dans autre chose des gobelets affreux en plastique. De son côté, le conseiller vin du rayon vin, « Monsieur Jan Metdepet est demandé à son rayon », n’a pas toujours le temps, l’occasion de digresser longuement sur les vertus comparées de tel ou tel cru entre douze palettes à ranger, est-là une raison pour croire qu’il connaît moins bien son métier ? En fait, amis cavistes, il est parfois compliqué de parler de vous. Pour deux pages a propos de bulles à paraître bientôt, j’ai voulu faire un petit tour de Wallonie et de Bruxelles des cavistes, vous me passerez l’expression, mais quel bordel même pas joyeux ! Entre ceux qui ne savaient plus qu’ils avaient accepté et ceux qui n’avaient plus envie de participer, ceux qui n’étaient pas là à l’heure du rendez-vous et ceux qui n’ouvrent leur porte que quelques instants par semaine, il m’a fallu une bonne dose de patience. Puis, les lecteurs sont éparpillés un peu partout dans notre joli royaume de bisounours, parfois même un peu plus loin que le coin de votre rue, je sais, c’est frustrant, mais l’info, même à propos d’un terrible vin vendu à Wanfercée-Baulet est-elle vraiment pertinente aux yeux d’un lecteur de Vielsalm ? Allez, ne soyons pas fâchés, vous êtes une partie de l’eco-système, au même titre que les rayons des grandes surfaces, vous apportez votre bouchon à la construction du bonheur des clients, n’est ce pas là le plus important ? Pour terminer, pour faire plaisir à Pol, un caviste parfois très direct, voire vindicatif, il me faut signaler que les vins chers ne sont pas votre apanage exclusif, et que les vins abordables, voir bon marchés, sont aussi chez vous. Un bon caviste à côté de chez soi, c’est précieux, c’est quelqu’un qui vous connaît et se souvient de vos préférences. Certains conseiller vins de grande surface aussi. Ce qui est important, en fin de compte, c’est le rapport aux humains qui sont vos clients. Tout le reste n’est que litres et ratures. Je vous souhaite tout le meilleur et surtout… bon travail !