La malbouffe gagne du terrain

15 avril 2013

Via Lesoir.be

La France réfléchit à un label pour protéger ses bonnes tables face aux plats déjà préparés. La fréquentation de ses restaurants gastronomiques est en baisse.

Pour Mario Elias (le Cor de Chasse), l’éducation au goût du consommateur est essentielle.
Faut-il pénaliser les « réchauffeurs », les restaurateurs qui se contentent de passer des repas préparés au micro-ondes, pour protéger les restos qui mitonnent amoureusement leurs petits plats ? Le débat fait rage en France, où l’on enregistre une baisse de fréquentation des temples de la gastronomie.

Les perspectives semblent en effet sombres dans l’Hexagone, pour la restauration traditionnelle, prise en sandwich entre les récents scandales alimentaires et l’augmentation du taux de TVA. Selon une étude du NPD Group, relayée par nos confrères du Figaro, 2012 a vu pour la première fois les ventes dans les snacks et les fast-foods dépasser celles des repas servis à table.

D’où l’idée d’un groupe de stars des casseroles, emmenées par Alain Ducasse, de lancer une appellation « Restaurant de qualité ». Elle serait décernée aux seuls gardiens des traditions artisanales de la table. De leur côté, les pouvoirs publics français plancheraient sur une législation qui permettrait de démarquer les produits des simples réchauffeurs du vrai « fait maison ».

De quoi créer la polémique. Ainsi, le Groupe Flo rappelle que, si ses 170 restaurants Hippopotamus utilisent des frites surgelées, c’est pour couper court aux réclamations des clients qui trouvaient la qualité des pommes de terre trop irrégulière au fil des saisons.

Et en Belgique ? L’idée de labelliser les restaurateurs surprend Mario Elias, le patron du Cor de Chasse, à Durbuy (une étoile). « Je fais mon métier et je ne ressens aucune jalousie pour ce que peuvent faire d’autres restaurateurs. Je n’ai jamais pensé à obtenir un label sur mes pratiques parce que ce qui compte réellement, c’est l’identité que nous tentons de développer ici. C’est par cela que j’espère être distingué par nos clients. »

Pourtant, s’il affirme n’être en concurrence avec personne, Mario Elias reconnaît que pour certains restaurateurs, la situation est probablement très différente. « Cela doit être très frustrant mais la qualité n’est pas toujours ce qui marche le mieux. Je pense par exemple aux brasseries de luxe, qui doivent se mesurer à une concurrence où tous les plats sont réchauffés. Vous pouvez avoir un proche concurrent qui ne sert que des congelés mais affiche les mêmes prix que vous au menu. »

D’abord l’éducation du goût
« Pour nous, il y a avant tout la fierté de travailler nous-mêmes chaque produit que nous proposons à nos clients, depuis le pain jusqu’aux mignardises, note pour sa part Pierre Thirifays, le patron du Cwerneu, à Huy (une étoile). C’est important pour nous de gérer tout le processus. Par exemple, on achète le poisson entier pour en prendre les filets. »

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