Du faux Bordeaux au prix du vrai

17 avril 2008

En Chine, les contrefaçons touchent tous les domaines même les plus inattendus comme celui du vin français. Les plus grands crus sont copiés et mis aux enchères sur la place de Hong Kong. Difficile de les démasquer.

L’année dernière, 12 magnums de faux Château Petrus ont été retirés de la vente sur la place de Hong Kong.
Procédure assez courante, mais avec un élément nouveau : pour le commissaire priseur Kapon, il s’agissait en effet du plus jeune vin contrefait auquel il ait eu affaire jusqu’à présent.
Les contrefaçons concernent en général davantage les vins les plus vieux et les plus renommés comme les Mouton Rothschild 1945, les Cheval Blanc 1947 ou encore les Château Latour 1961.
Pour le commissaire priseur, ce cas reste isolé mais les contrefaçons des plus grands Châteaux bordelais sont loin d’être anecdotiques et menacent réellement le marché des importations de vins en Chine.

9ème importateur mondial de vins avec 2 millions de caisses achetées en 2006, les experts de la compagnie Hongkongaise de vins et spiritueux (Hong Kong Wine & Spirits Industry Coalition) estiment à 50 millions d’euros la future demande dans dix ans.
Le marché est en pleine expansion mais reste cependant jeune et les consommateurs chinois semblent très friands de grands crus, entrainant une flambée des prix.
Le prix moyen d’un château Lafitte aurait doublé entre août 2006 et juin 2007.

Selon Doug Rumsam, directeur général du bureau de l’Indice du Bordeaux de Hong Kong, cette hausse attise les contrefaçons, face aux prix exorbitants et à l’épuisement des stocks.

Pourtant cette crainte d’un accroissement de la fraude n’est pas pour le directeur général de Vinexpo Asie-Pacifique, justifiée.

Pour Robert Beynat, la contrefaçon, si elle peut être profitable aux fraudeurs, ne rapporte rien aux consommateurs, qui ne bénéficient pas de tarifs avantageux par exemple comme c’est le cas pour d’autres types de copies. Le directeur de Vinexpo pense donc que la contrefaçon va rester limitée et restreinte au continent.
Pourtant la fraude est depuis longtemps prise au sérieux par les viticulteurs et négociants.
Le domaine Petrus a ainsi mis au point des systèmes d’étiquettes anti-fraude à coup de marques invisibles sur papier monnaie et de mesures de la radioactivité déterminant l’âge du vin.

Sans ces techniques plutôt sophistiquées, démasquer les copies n’est pas chose aisée : dans un pays où la culture du vin n’est pas encore très élaborée, les contrefacteurs peuvent sans grande difficulté bluffer les riches palais, encore néophytes …