Oenologie : Les 10 commandements du dégustateur débutant

4 décembre 2007

Soyez curieux ! C’est le principal conseil du sommelier Guido Invernizzi aux néophytes qui souhaitent s’adonner aux plaisirs du vin. Ne vous cantonnez pas aux grands noms, ni à certaines régions, goûtez, lisez, notez vos impressions, échangez… Les dix commandements d’un grand passionné.

1. A la supériorité viticole française tu renonceras
Je connais bien la France viticole et j’affirme que l’Italie n’a rien à lui envier pour tout ce qui est rouges, blancs et vins de dessert. Quelques années en arrière, les vins du Sud étaient peut-être un peu trop forts, mais la situation a changé. Seul avantage français que je concède : les grands champagnes restent inégalables, même si on trouve aussi des « bulles » intéressantes dans la région de Franciacorta et dans le Piémont.

2. Sur les valeurs sûres tu te reposeras
En Italie comme en France, on peut se fier aux valeurs sûres. Ce sont principalement les vins du Piémont, le Barbera, le Nebbiolo ou le Dolcetto. En Toscane, on peut compter sur le Sangiovese. A côté des incontournables, les vins du Sud ont fait beaucoup de progrès.

3. De tes habitudes vinicoles tu sortiras
Rien de pire que de se cantonner à ce que l’on connaît déjà ! Le nombre de vignes autochtones est plus important en Italie qu’en France et goûter aux vins de toutes les régions est une expérience culturelle remarquable. Testez par exemple le Fiano di Avellino ou le Vermentino de Sardaigne.

4. A l’appellation peu d’attention tu prêteras
Les diverses appellations (DOC, DOCG, IGT, Vino da tavola…) se fondent sur des règles, mais il ne faut pas croire qu’il existe une véritable hiérarchie. On peut faire de grands vins sans respecter ces règles. Par exemple, le Sassicaia n’est DOC que depuis quelques temps.

5. Aux guides œnologiques tu te fieras
Il ne faut pas hésiter à se plonger dans la littérature spécialisée. On peut évoquer entre autres le 2000 vini de l’AIS, le guide Slow food, le guide de l’Espresso ou encore celui de Luca Maroni. Sur Internet : www.lavinium.com, www.vinealia.org, www.diwinetaste.com.
On pourra noter ses impressions sur un petit carnet, comme le font les dégustateurs anglo-saxons. Echangez aussi vos impressions et vos bons plans avec vos amis.

6. Dans le commerce conseils tu demanderas
La grande distribution a fait énormément de progrès en matière viticole. Dans certains Esselunga, on peut même trouver un sommelier. Les supermarchés et les hypermarchés offrent un choix de plus en plus vaste de grands vins, avec un bon rapport qualité prix. Pour les plus néophytes, le caviste reste la valeur sûre.

7. Un budget tu te fixeras
En dessous de 2 ou 3 euros, les vins sont à peine buvables ! Jusqu’à 10 euros, on peut trouver des vins de tous les jours corrects. Entre 10 et 20 euros, on peut boire de bons vins.

8. Aux vins du Nouveau Monde tu t’ouvriras
Le rapport qualité-prix qu’offrent l’Argentine, le Chili et l’Australie est tellement compétitif que certains producteurs de la Loire, du Rhône ou du Piémont ont dû baisser leurs tarifs. Même si ces vins sont parfois jugés sans âme, car ils n’ont pas notre tradition millénaire, ils sont intéressants à découvrir. Bientôt nous apprécierons aussi les vins d’Europe de l’Est.

9. Dans les caves tu dégusteras
La plupart des producteurs acceptent les visites et la vente sur place. C’est le meilleur moyen de se faire une idée sur ce que l’on veut et de repartir satisfait de son achat. Il est conseillé d’appeler avant de se rendre sur place.

10. Sur Internet des garanties tu exigeras
Avec le développement d’Internet et de sites comme eBay, il faut être de plus en plus vigilant et demander la garantie que la bouteille pourra être remplacée si elle n’est pas bonne. Les producteurs, qui sont nombreux à expédier leurs vins, sont en général fiables.

Parcours
Guido Invernizzi est chirurgien à Novara, mais depuis quelques années il consacre son temps libre à sa passion pour le vin. Il a obtenu en 2001 son diplôme de sommelier après trois ans de cours dispensés par l’AIS (Associazione italiana sommelier), puis il a passé une série d’examens pour devenir dégustateur et enfin professeur, avec de nombreuses spécialisations.