On dit souvent que certaines adresses ne se découvrent pas par hasard. Frasca en fait partie.
Il suffit d’un pas dans la rue de Florence pour sentir que quelque chose se prépare derrière ces fenêtres discrètes, comme un souffle venu d’ailleurs. On ne sait pas encore quoi, mais on le devine : une histoire d’Italie. Une vraie.

La porte s’ouvre, et tout devient clair. Derrière le sourire lumineux d’Alessia Caicco, une lumière douce, des lignes épurées, des matières qui rassurent. Rien ne crie. Rien ne s’impose. Frasca ne cherche pas à séduire ; il invite. Il donne cette impression rare que la beauté ici naît d’un calme, d’un choix, d’une cohérence. Une maison qui sait ce qu’elle fait, et pourquoi.

Chaque matin, l’atelier de pâtes s’affaire. On voit les mains. On voit les gestes. On voit la farine flotter dans l’air comme une petite neige. On voit la pâte qui s’étire, s’aplatit, respire.
Et on comprend que l’Italie commence ici : dans la répétition d’un mouvement, dans le respect d’une matière première que l’on ne trahit pas.

Mortadelle, purée d'olives et grissini ; Assiette de légumes d'hiver et houmous de pois chiches ; Calamars frits sauce yaourt au citron et aux herbes ; Spaghetti Cacio e Pepe ou Rigatoni al ragù di vitello ; la cuisine de Frasca ne s’embarrasse pas de nuances, elle révèle des saveurs franches, lisibles, c’est une cuisine qui murmure, qui parle bas mais juste.

Puis vient le vin, le théâtre de Thomas Lambotte.
Des bouteilles que l’on ne croise pas par hasard, choisies comme on choisit des amis : avec intuition, affinité, exigence. Des flacons façonnés là-bas par Eric Lecuyer et portés ici par Sébastien Samoye. Des cuvées vivantes, parfois un peu sauvages, toujours sincères. Des domaines naturels, des artisans qui travaillent la terre comme d’autres travaillent la pâte : avec les mains, avec le cœur, avec le temps.

Ici, on goûte, on discute, on partage, on s’attarde. Matteo Brancaleoni chante L’Italiano. Le décor ne cherche jamais à voler la vedette. Il encadre. Il respire. Il laisse l’Italie passer entre les tables, dans un murmure, dans un parfum, dans une assiette où la pâte, le soleil et la matière se retrouvent pour raconter une histoire simple : celle du goût.

Frasca n’est pas un restaurant italien.
C’est une parenthèse, une respiration, une manière de dire que la tradition peut être moderne, que la simplicité peut être noble, et que la gourmandise peut être un art délicat.
Une maison où l’on retourne comme on retourne chez quelqu’un qu’on aime : parce qu’il y a là, toujours, quelque chose de vrai.

LD - 25/11/25