Cinq vérités sur la cuisine démontrées en BD

17 mars 2014

Les banquets d’Astérix, les spécialités de Gaston Lagaffe, les petits creux d’Averell… Si la bonne chère est un thème majeur pour la bande dessinée, c’est que le médium excelle à décrire les plaisirs de la table. Et à révéler l’essence de la gastronomie : confirmation avec deux parutions récentes.

1. La bonne bouffe, c’est magique

Sa mère est chef, son père fin gourmet, son parrain et sa tante critiques gastronomiques. Lucy Knisley a beau être américaine, elle sait deux ou trois choses sur la cuisine et ses pouvoirs. Enfant, lorsqu’elle changeait d’école, elle brisait la glace avec ses cookies maison. Adolescente, elle a vu une paisible bourgade de la vallée de l’Hudson devenir un centre artistique et culturel grâce à un marché fermier. Centrée sur ses expériences gustatives, ponctuée de recettes subtilement détaillées, son autobiographie en bande dessinée souligne surtout l’intensité des souvenirs liés aux saveurs.

Délices. Ma vie en cuisine, de Lucy Knisley, Delcourt, 174 p.,16,95 €.

2. On cuisine pour quelqu’un

Avec neuf enfants, dont huit garçons, la grand-mère d’Etienne Gendrin réussit les patates sautées comme personne : croustillantes, fondantes, épicées, « une tuerie », parole de petit-fils. Cette « pas très bonne cuisinière » autoproclamée en a régalé son régiment pendant des décennies. De Nîmes, où elle est née en 1918 (son aïoli vient de là), à Colmar, où elle excelle dans l’art des mirabelles au sirop, elle a traversé le siècle en gardant table ouverte. Sa devise ? « C’est pas amusant de cuisiner pour soi. Il vaut mieux cuisiner pour quelqu’un. »

Comment nourrir un régiment, d’Etienne Gendrin, Casterman, 158 p., 16 €.

Suite de la démonstration avec trois albums plus anciens, mais indispensables à tout bédéphile gourmet.

3. Amour et précision sont les secrets de la perfection

Alain Passard hume, tâte, scrute, tend l’oreille vers la sauteuse. Il s’émerveille devant l’harmonie d’un accord de couleurs, la transparence d’une fine tranche de betterave. Il compare avec rigueur les navets de ses trois potagers, s’enthousiasme pour une bassine de petites aubergines. Pour bien croquer la passion du chef de l’Arpège, il fallait un dessinateur qui aime passionnément manger : crayon en main, Christophe Blain a passé plus de deux ans dans les cuisines du restaurant étoilé. Et pleuré de bonheur pour des petits pois.

En cuisine avec Alain Passard, de Christophe Blain, Gallimard, 2011.

4. Il n’y a pas de légume maudit

Choux de Bruxelles, navets, brocolis ou endives évoquent à trop d’anciens demi-pensionnaires des souvenirs traumatisants. Guillaume Long s’est donné une mission : à coups de conseils pointus et de recettes originales, il œuvre à réhabiliter ces mal-aimés. Son blog BD et les albums qui en sont tirés célèbrent aussi la raclette, le gâteau au chocolat et les pâtes à l’aïl ; il y publie aussi les carnets 100% gustatifs de ses voyages à Venise, Budapest ou Stockholm. L’ensemble donne terriblement envie de passer aux fourneaux ou à table. Même pour des salsifis.

A boire et à manger, de Guillaume Long, Gallimard, 2 tomes parus, 2012.

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