On y revient toujours.
Dans un monde où les tables naissent et disparaissent au rythme des tendances, il est des maisons qui traversent le temps sans jamais se renier. Des adresses où l’on revient, encore et encore, parce que tout y sonne juste. Les Brigittines en fait partie.

À Bruxelles, entre le Sablon et les Marolles, cette maison tient debout depuis plus d’un quart de siècle. Fidèle à elle-même, fidèle à l’esprit de son chef, Dirk Myny, qui veille chaque jour à maintenir le cap, celui du goût vrai, du geste sincère, de la gourmandise sans manières. Ici, rien de forcé, rien de mode. On ne cherche pas à étonner, mais à émouvoir.
Les Brigittines, c’est une table de cœur, où l’on retrouve des plats qui nous parlent : un Zenne Pot devenu mythique, chou à la gueuze, bloempanch, saucisse sèche et bulots —, un Vol-au-vent revisité au fil des saisons, ou cet écrasé de pommes de terre Charlotte, beurre noisette et crevettes grises dont la simplicité touche au sublime.

La cuisine de Dirk Myny, enracinée dans les saveurs belges, parle la langue des terroirs. Elle mêle la rigueur flamande et la chaleur wallonne, le local et l’ailleurs, avec une seule boussole : le plaisir du produit juste. Pas de surjeu, pas de fioritures : ici, la tradition vit, respire, se réinvente dans la continuité.
Le décor, lui aussi, résiste au temps. Installé dans un ancien bureau de poste de style art nouveau, le lieu conserve ses hauts murs verts, sa grande cheminée, ses boiseries patinées et cette lumière dorée qui apaise. C’est un théâtre familier, celui de la vraie gastronomie bruxelloise — chaleureuse, intemporelle, hospitalière.

Et parce qu’un repas n’est jamais complet sans le bon verre, Dirk Myny signe une carte des vins qui raconte, elle aussi, une histoire : celle des vignerons qu’il connaît, des découvertes qu’il partage, des crus d’Alsace qu’il chérit. On y croise parfois une Gueuze Cantillon, comme un clin d’œil à cette ville qu’il aime tant.

Aux Brigittines, rien ne cherche à impressionner. Tout cherche à durer. Et c’est sans doute pour cela qu’on y revient — avec l’envie, à chaque fois, de retrouver un peu de Bruxelles, un peu de soi.

LD