Avant de faire résonner les guitares de Franz Ferdinand, Alex Kapranos faisait chanter les casseroles. Dans l’Écosse des années 1990, il passe de cuisine en cuisine : livreur de plats indiens, aide-cuisinier, sommelier, chef… C’est derrière les fourneaux qu’il rencontre Paul Thomson, futur batteur du groupe. Entre deux services, ils parlent riffs et refrains : l’idée de Franz Ferdinand germe alors, bien avant la sortie du premier album en 2004.
Le succès n’a jamais effacé sa passion première. En 2005, en pleine tournée mondiale, le quotidien The Guardian lui propose d’écrire une chronique culinaire à chaque escale. Kapranos se prête au jeu, goûtant tout ou presque : street-food taïwanaise, saucisse d’alligator en Louisiane, boudin noir en France… Seul l’oursin japonais lui résistera. Ses textes racontent autant les plats que les lieux : un dîner dans un décor de Kill Bill, un repas dans les anciens bureaux du KGB, ou encore les douceurs d’un pease pudding écossais.
Dix ans plus tard, ces récits de route deviennent Sound Bites – Eating on Tour with Franz Ferdinand, un livre qui mêle carnet de voyage et mémoire gourmande. Kapranos y tisse des parallèles entre la scène et la cuisine : l’amitié qui soude une brigade comme un groupe, l’improvisation qui nourrit l’inspiration, la liberté qui transcende les recettes.
Cette curiosité prend racine dans son enfance gréco-écossaise. Les étés passés en Grèce, à de longues tables familiales, lui ont appris que partager un repas est une expérience sociale unique. Aujourd’hui encore, il aime cuisiner pour ses proches, convaincu que la nourriture révèle l’âme d’un lieu plus sûrement qu’un guide touristique.
Et quand musique et gastronomie se rejoignent, l’histoire devient chanson : c’est une reprise de “Summer Wine” qui dévoilera au public sa relation avec l’artiste française Clara Luciani. Alex Kapranos, rockeur et gourmet, démontre qu’entre un plat inspiré et un morceau de rock, la même énergie circule : celle du plaisir, de la création et du partage.
La Rédac
