Victor Hugo écrivait « Celui qui regarde au fond de Paris a le vertige». Et le moins que l'on puisse écrire, c'est qu'au Little Paris aussi, on a vite le vertige. Celui des saveurs, des senteurs et des vapeurs. Ces vapeurs qui donnent le rose aux joues des filles, celles qui font rire les mecs plus grassement, celle qui font glousser ceux qui ne rient jamais, bref… Bienvenue à Bistroland. Ici, on dîne au comptoir ou sur la banquette, on resserre les tables en fin de service pour faire connaissance ou… pour revoir ceux qu'on a déjà croisé mille fois ici. Pour se rapprocher des autres.

Dans l'assiette, on joue aux montagnes russes émotionnelles. Passant de la légèreté d'une herbe fraîche posée en décoration sur une terrine maison à la gourmandise de la quenelle de chocolat à l'huile d'olive et fleur de sel, non sans goûter à la poêlée de couteaux, coques et saucisse basque, à l'os à moelle et son carpaccio de Saint-Jacques et caviar belge ou au croustillant de pis de vache. On pioche à la carte ou on laisse faire le chef , en tapas ou en menu, il y a le choix et…il est cornélien. Invitant au voyage de Lyon, et ses bouchons, à Barcelone et ses Tapas non sans avoir une petite pensée pour les origines portugaises de la maman du chef en voyant arriver les fameuses cataplanes débordant d'iode et de gourmandise. Vous l'aurez compris, si vous comptez vos bouchées, mieux vaut passer votre chemin.

En cave aussi, le chef a ses préférences. Outre les quelques étiquettes posées là pour satisfaire les éternels buveurs de classiques, la sélection est clairement orientée nature et affiche bien souvent un degré de buvabilité maximal afin que vous soyez tentés, comme nous, de commander tout de suite la p'tite sœur pour la partager avec le patron. Mais avant, celui-ci, en duettiste avec son fidèle second Laurent, assure le spectacle. Sans trop de fioritures. Comme dans ses assiettes. Il va droit au but. Non sans avoir planté un décor bistrotier qui plait à chacun (sauf aux dîneurs endimanchés ayant cru réserver dans un « gastro étoilé du BW »). Car oui, lorsqu'on passe le rideau, c'est une véritable pièce qui se joue ici. Avec en personnage principal Arold, il tient plus du Scapin que de l'Harpagon, la fourberie en moins. L'homme est jovial et si, dans le premier quart d'heure, il vous accueille d'un : « Bonsoir Messieurs Dames ! », il y a fort à parier que dès le deuxième acte, il passe à votre table et vous lance un : « Alors ? Tout va bien les copains ? ». Et si vous lui proposez, en bon parisien qu'il est , à la fin de la soirée, un dernier tango, il y a fort à parier qu'il vous réponde : « Plutôt un Gin To ? ».

PL