Une adresse d'utilité publique. C'est le genre de table que l'on n'oublie pas. Blottie dans ces drôles et magnifiques Marolles, elle brille cependant et rayonne comme un bijou. Vincent Thomaes fait depuis longtemps de sa démarche une loi de goût et de bon. Cet homme a beaucoup compris du genre, il s'amuse de ses codes et de ses règles, titille ses rigidités, comme un chaton le ferait d'une pelote de laine. Il a laissé de côté la raideur et le chichiteux pour mieux se concentrer sur ce qu'il aime faire. Et le premier commandement de son art de regarder la gastronomie pourrait s'énoncer comme suit : « Fais en sorte que ton antre reflète ton art de vivre ».

En arrivant dans les Marolles, Vincent Thomaes a investi une maison du 17ème qui fait corps avec sa passion pour la peinture et l'art. Deux étages, une cave – un ensemble à l'atmosphère intimiste qu'il a élargi à la faveur d'une épicerie fine – qu'il a pris soin d'emballer dans un décor finement chiné, un espace entre ombre et lumière, soit l'écrin parfait pour sublimer les harmonies pointues de ce grand Maître des vins et les plats gourmands, impeccables et bonhommes d'Alex Van Kalck. Une cuisine construite autour des plats du marché, frais, généreux, aux goûts larges. Avec l'expérience ultime qui est la sienne, Vincent Thomaes manie la baguette du sourcier comme personne et il rapatrie chez lui le meilleurs des terroirs, avec une volonté de puiser aux sources du Pays des Collines, belle et nourricière terre natale chère à son cœur.

Dans son Wine Bar des Marolles, l'homme se sent comme un poisson dans l'eau – la parole libérée en plus. Le vin ? On a envie de parler de « carte d'auteur » face à la sélection opérée, entre classiques à prix doux et pépites façon éclaireur, sans parler des tueries dégainées comme un lapin d'un chapeau de magicien.

Plus qu'un moment de table, le Wine Bar des Marolles, c'est une rencontre.   

LD