En quittant la route des Ardennes pour prendre le chemin vers Nassogne, la vie prend comme un doux virage. Habillée en une seconde d’autres couleurs, la campagne fait se desserrer les mâchoires, la respiration se fait plus lente, les ondes changent, envahis que nous sommes par une ruralité douce et sublime. Et y venir, y revenir, y passer et y repasser sans que ce sentiment s’étiole ; plus qu’un environnement, on est ici dans un paysage.

A Nassogne, au Beau Séjour, le temps passe aussi et fait son oeuvre et la belle maison de Nicolas et Emmanuelle Alberty reste fidèle à sa trame initiale. Pendant que d’autres essaient, flambent, s’y croient et s’y noient, et retombent tel un pauvre soufflé ; si peu capables qu’ils sont de maintenir les bases, de tenir le rythme des saisons, impuissants qu’ils ont face à la vie des restaurants. La durée n’est certes pas tout mais elle est souvent un arbitre sage et imparable.

Nicolas et Emmanuelle Alberty sont mieux que de simples hôteliers, ils font partie de ceux qui donnent ses lettres de noblesse à ce métier.

Leur maison est faite de plénitude, de délices aussi. Le confort d’une bonne vingtaine de chambres refuse l’esbroufe, avec des tonalités aux lumières douces et avenantes, une salle à manger à la lumière apaisante, un salon coquet vibrant au son du feu, un jardin hors du temps, l’endroit vit dans la paix.

La cuisine, elle, s’exprime au son des partages nés de la complice alchimie qu’entretient Nicolas Alberty aves ses chefs, Thomas Herman et François Vincent. C’est en nourrissant leurs connivences et en s’appuyant sur ces beaux atomes crochus qu’ils nous donnent une cuisine qui n’a que de beaux comptes à rendre. A l’instar de la maîtrise hôtelière, l’assiette révèle elle aussi un savoir-faire par une règle absolue de beaux produits et de goût, elle emmène tout le monde. Comme avec ce souvenir de ce Cochon de lait saumuré, polenta aux olives, sauce à la bière Saint-Monon au miel, juste magnifique, juste et magnifique.

Aujourd’hui, ce sont la Fabuleuse croquette de homard, coulis de crustacés et salade d'herbes, les Noix de Saint-Jacques juste poêlées, butternut, copeaux de marcassin fumé et réduction de carotte-gingembre, le Canard sauvage cuit sur coffre, poire au lard, boudin noir croustillant, effiloché de cuisses, champignons des bois et sauce aux 5 baies ou la Noisette de biche, sauce 'Grand Veneur', purée de potimarrons et champignons des bois.

Plus que la garantie d'un moment exquis, le Beau Séjour nourrit un sentiment de bien-être.

LD