Même si, grâce aux quotas, les stocks de thon rouge se reforment, la prudence reste de mise

17 novembre 2014

De nouveaux quotas pour le thon rouge – Les pays pêcheurs de thon ont entamé lundi à Gênes une conférence d’une semaine destinée essentiellement à fixer de nouveaux quotas de prises de thon rouge en Méditerranée et dans l’Atlantique Est.

En présence de quelque 600 délégués, dont de nombreux scientifiques et représentants d’ONG et scientifiques qui prônent la prudence, les membres (Union Européenne et 47 Etats) de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (Cicta) sont réunis jusqu’au 17 novembre.
Devant la menace d’une inscription du thon rouge sur la liste des espèces en voie de disparition de l’ONU, alors que les prises atteignaient jusqu’à 50.000 tonnes par an, la Cicta a imposé des quotas drastiques, accompagnés de strictes mesures de contrôle.

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Les stocks de thon rouge reconstitués

Les craintes d’une disparition du thon rouge avaient provoqué, au tournant des années 2000, une prise de conscience. Les quotas de pêche avaient été réduits à partir de 2007. Depuis, les eaux de la Méditerranée et de l’Atlantique Est, qui abritent l’essentiel des bancs de cette espèce, se sont repeuplées. Selon le comité scientifique de l’ICCAT, les stocks reproducteurs sont estimés à 585 000 tonnes, contre 150 000 au milieu des années 2000. Les organisations environnementales ne sont pas sur la même longueur d’onde, indiquant que, même si la situation s’est améliorée, il y a incertitude sur l’état réel des stocks.

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Les quotas restent à établir

Dans ce contexte, les industriels de la pêche veulent réaugmenter les quotas. Le Comité national des pêches (flottille française) demande que, dans les deux prochaines années, le total autorisé de capture passe de 13 500 tonnes, tel que fixé depuis 2009, à 23 256 tonnes. Les discussions seront donc intenses à Gênes. D’autant qu’ensuite il faudra que les pays membres de l’ICCAT, dont l’Union européenne, se répartissent les quotas. La filière pêche française, qui détenait un quota de 2 471 tonnes de thon rouge en 2014, espère une augmentation.
Inquiétudes pour le thon tropical
Les ONG s’inquiètent aussi du destin du thon tropical (albacore, listao, patudo), qui, nageant dans les eaux chaudes, est le plus pêché au monde (4,5 millions de tonnes par an). « Nous sommes dans une dynamique de déclin », affirme Greenpeace. D’autant que, pour le thon tropical, il n’y a quasiment pas de quotas mais des recommandations.

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Campagne contre certaines méthodes de pêche

Greenpeace a lancé récemment une campagne pour dénoncer l’utilisation de « dispositifs de concentration de poissons » ou DCP (radeaux flottants, équipés de GPS) pour capturer ces thonidés. L’organisation non gouvernementale estime que ces DCP attirent dans les filets des raies, des requins ou des tortues, mais aussi des thons jeunes qui ne se sont pas encore reproduits.

Les industriels cherchent à s’autolimiter

Les armateurs français, la Compagnie française du thon océanique, Saupiquet et Sapmer se sont engagés, depuis la fin de 2011, à placer au maximum cent cinquante DCP sur leurs vingt-deux navires, qui rapportent près de 100 000 tonnes de thon tropical par an. Ils souhaiteraient que d’autres suivent cette voie. En particulier les Espagnols. Pour la première fois, ce sujet sera débattu lors de la réunion de l’ICCAT. (Source F & S)